Le château de Ferney-Voltaire recèle de nombreux trésors. Il conserve en son écrin souvenirs et anecdotes retraçant l’ultime épisode de la vie du philosophe, qui laissa à sa dernière ville d’accueil son nom et sa propriété. 

En cette belle matinée de toute fin d’été, nous nous rendions à la rencontre de Charlotte Debraine, guide conférencière. Ici, elle est presque chez elle, arpentant avec aisance les pièces du château et les recoins secrets de ses jardins… Elle nous confie comment ce lieu l’a toujours fait rêver. Et comment elle est parvenue à en percer les mystères depuis l’autre côté de la grille…

Racontes-nous d’abord ton histoire : qui es-tu, et d’où viens-tu ?

J’ai passé toute mon enfance à Ferney. Et il faut dire que la mouche Voltaire m’a piquée il y a longtemps… En grandissant, attirée par les milieux de la culture, d’histoire de l’art et d’événementiel, je suis naturellement partie à Paris pour mes études supérieures. Mais je n’ai jamais vraiment quitté le château. En effet, j’y étais saisonnière de ma sortie de lycée, jusqu’à la sortie de mon master 2. J’ai d’ailleurs préparé mon mémoire sur Voltaire. Suite auquel François Xavier Verger (administrateur du château) m’a demandé si ça m’intéressait d’y devenir guide conférencière. 

Après mes études, la nostalgie du Pays de Gex m’y a ramenée définitivement. Le lac et les montagnes me manquaient terriblement.

Comment es-tu devenue guide conférencière ?

Rien ne me disposait à faire un métier comme celui-ci. Plus jeune, j’étais maladivement timide. Mes oraux du bac s’étaient d’ailleurs très mal passés. Je cherchais alors une vocation qui puisse me permettre de vaincre cette timidité… Par hasard, lors d’une opération « job d’été » à Saint Genis Pouilly, s’est présenté un poste au château de Voltaire. J’ai tenté ma chance, et j’ai été prise du jour au lendemain !

Enfant, je passais chaque jour sur le chemin de l’école en contrebas de la Charmille. Je regardais toujours si les volets du château étaient fermés ou ouverts. A l’époque, il appartenait à la famille Lambert puisqu’il était encore privé.

La confidentialité qui entourait alors cet endroit, lui donnait à mes yeux une aura particulière, attirante et mystérieuse.

Ce job d’été a été l’opportunité de vivre de très beaux moments d’émotion et de magie, comme le premier jour où je suis arrivée ici avec les clefs du château, et que c’était à moi d’ouvrir les volets et la grille…

Qu’aimes-tu particulièrement dans les visites ?

Pour moi, le plus gratifiant, le plus plaisant, c’est l’interaction avec les visiteurs. Qu’ils soient en voyage de groupe, en famille, en visite scolaire, notre panel est large. Cela nous demande à chaque fois de nous adapter au public et savoir générer des petites étincelles dans leurs yeux et des sourires… car on l’apprend au fil de l’expérience, c’est par l’émotion qu’on arrive à transmettre ! Personnellement, j’aime beaucoup faire rire le visiteur, à l’image de Voltaire qui est un personnage très caustique, drôle et ironique, avec lequel on ne s’ennuie jamais !

À la fin d’une visite, lorsqu’on reçoit les remerciements, les applaudissements des enfants, et des adultes, des enseignants aussi, qui repartent avec le plein de fiches pédagogiques, alors, on se dit que le travail a été accompli et qu’on a fait beaucoup de rencontres intéressantes !

As-tu des souvenirs à nous partager de ces rencontres ?

Parmi toutes les personnes que j’ai pu accueillir au château depuis plusieurs années, il y a eu des rencontres particulières ou émouvantes : la première qui me vienne à l’esprit, c’est celle avec l’écrivain Marc Ferro, auteur spécialiste de Russie contemporaine, avec qui nous avons beaucoup échangé à propos de Catherine II de Russie qui a un lien évident avec Voltaire.

Ensuite, il y a eu Franck Ferrand qui est venu au château avec son groupe de voyage culturel « Voyage à la une », et pour qui j’ai assuré la visite… j’avoue que donner une visite guidée à Mr Ferrand est un plaisir et aussi une petite fierté…

Un dernier souvenir, que nous avons en commun avec mes collègues, c’est la rencontre avec Stéphane Bern et ses équipes de « Secrets d’histoire », venus tourner un numéro spécial sur Voltaire et son château, peu après la réouverture après la restauration de ce dernier.

Qu’est ce qui a changé au château, depuis sa restauration ?

Le château de Voltaire a beaucoup évolué avec le temps, bien qu’ayant toujours gardé son identité XVIIIème. Il a bénéficié d’une très grande campagne de restauration qui a pris fin il y a cinq ans. Des salles ont été complètement restaurées dans leur état de l’époque.

Pour commencer, la chambre de Mme Denis, la nièce de Voltaire qui vivait ici : les tapisseries ont pu être retissées à l’identique par des artisans d’art, grâce à des échantillons conservés par Catherine II de Russie, et la pièce a été remeublée grâce au prêt du Mobilier national… Tout comme le petit salon de jeu et de réception contigu, avec son « piano forte ». Nous y sommes parfaitement plongés dans l’ambiance XVIIIe siècle.

Donc si vous êtes venu avant 2018… Vous êtes obligé de revenir !

L’actualité du château ?

Si vous avez envie de visiter le château de Voltaire, sachez qu’il est ouvert au quotidien. Nous proposons d’ailleurs des visites commentées tous les jours. Il y a tout au long de l’année des temps forts qui l’animent, comme par exemple dernièrement les journées européennes du patrimoine, un festival de yoga, et le premier week-end du mois d’octobre un salon du livre, qui se tiendra également dans les jardins…

Tes lieux favoris dans le Pays de Gex ?

En tant que Gessienne, je pense d’abord aux sources de l’Allondon. C’est un lieu rafraîchissant où je garde de nombreux souvenirs de sorties entre amis et en famille. Je citerai également la chapelle de Riantmont à Vesancy qui est pour moi un petit bijou du Pays de Gex. La très belle vue et les magnifiques couchers de soleil offrent des déclinaisons de rose sur le Mont Blanc le soir… 

Alors c’est entendu, rendez-vous prochainement au château pour le (re) découvrir et arpenter en cette belle saison automnale ses allées et jardins. 

En ce moment et jusqu’au 31 décembre, découvrez l’exposition temporaire : “Voyage en Italie, sur les chemins buissonniers d’une collection de peintures et de dessins”.

Les informations pratiques :
10h-18h jusqu’au 30/09, puis 10h-17h non stop.
Tarif : 8 € et gratuit pour les moins de 26 ans.

Nous remercions Charlotte pour son temps et sa disponibilité, ainsi que toute l’équipe du château qui nous a accueillies.