Pour vous, nouveaux arrivants du Pays de Gex, curieux ou amoureux de savoir-faire, nous allons vous expliquer la merveilleuse histoire des tavaillons, petite planchettes de bois en épicéa, allant de 40 à 45 cm pour 2 cm d’épaisseur, utilisées comme bardeaux dans un décor typiquement montagnard ! 

Il était une fois les tavaillons …

Le tavaillon se développe dans les montagnes du Jura au XV ème siècle. Il est utilisé dans un premiers temps pour des petits bâtiments comme les greniers forts. En effet, les risques d’incendie étaient très fréquents à cause des cheminées, des façades en bois et du foin entassé dans les granges. Pour éviter de tout perdre en cas de sinistre, les Hauts-Jurassiens ont eu l’idée d’édifier ces cabanes, ces greniers-forts, pour garder leurs biens les plus précieux. Astucieux, n’est-ce pas ?

Les greniers forts étaient alors construits à quelques mètres des fermes.

Généralement, sous la construction, était creusée une cave, permettant de stocker le grain et les légumes. Malheureusement aujourd’hui, ils en restent de moins en moins, seulement 190 dans le Jura Sud. Beaucoup sont à l’abandon dans les jardins, ne sachant pas comment les rénover ! Ce sont des témoignages du passé qui disparaissent petit à petit … Mais vous pouvez encore en trouver !

Si vous souhaitez vous aussi ouvrir un grenier fort et découvrir ce qu’il renferme, rendez-vous à la Maison du Parc à Lajoux ! Un trésor peut-être vous attend !

C’est un peu plus tard dans le temps, au XVII siècle que les tavaillons se répandent pour couvrir les toits mais aussi les façades côté sud-ouest pour protéger les maisons et les fermes jurassiennes contre les intempéries et les vents forts !

Promenons-nous dans les bois …

Pour réaliser ces planchettes, il faut du bois et plus particulièrement celui de l’épicéa, le roi des forêts. Les arbres devront de préférence avoir minimum 150 ans, poussés sur un versant sud-ouest mais aussi avoir des branches qui se situent à au moins 8 m du sol et avoir un tronc mesurant de 45 à 60 m de diamètre. Cela en fait des critères de sélection, mais le meilleur bois est sélectionné pour la confection de ces tuiles ! Pour les tavaillonneurs, c’est un jeu d’enfant que de repérer l’arbre idéal ! Pour nous, ce serait une toute autre histoire …

Une fois l’arbre abattu, le tavaillonneur a besoin d’une meule de 30 à 40 cm de long. Elles sont ensuite taillées à la hache puis fendues par moitié puis en 16 quartiers. Et hop, c’est ainsi que le tavaillon naît sous les mains expertes du tavaillonneur.

Puis ils sont disposés en écailles durant le printemps et l’été !

Tavaillons
Anaïs Blanc

Le saviez-vous ?

Il faut entre 110 à 115 tavaillons par mètre carré ! Ca nous en fait des tavaillons !

Pas besoin de peinture ou de vernis ! Le bois séché et brut permet de conserver la façade durant minimum un siècle tout en assurant une bonne isolation au froid et à l’humidité ! Voilà une bonne raison d’opter pour les tavaillons !

Un métier ancestral en plein renouveau

Dans le Jura, il n’y a plus que deux tavaillonneurs. Et pourtant, il y en a des façades en tavaillons ! Elles sont omniprésentes dans le paysage local et beaucoup sont à restaurer ! La demande ne faiblit pas ! 

Durant l’été, partez à la découverte des montagnes du  Pays de Gex, ouvrez l’oeil, il est fort probable que sur votre chemin, vous croisiez plusieurs maisons dont la façade est recouverte de tavaillons ! Petit indice, il y en a à Lélex et Mijoux (pas vraiment une surprise, ces deux villages sont à deux pas du Jura !)

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